Description du projet

Commémoration de la rafle du Vel d’Hiv

Le jardin mémorial

Le jardin mémorial des enfants du Vél’ d’Hiv’ est un espace vert du 15e arrondissement de Paris, dans le quartier de Grenelle.
Il a été inauguré le 16 juillet 2017, à l’occasion du 75e anniversaire de la rafle du Vél’ d’Hiv’ par le président de la République, Emmanuel Macron, en présence de son initiateur Serge et Beate Klarsfeld.
L’endroit est un lieu de recueillement et de souvenir dédié aux 4 115 enfants qui ont été raflés, séparés de leurs parents, déportés et exterminés à Auschwitz-Birkenau.

Pour la deuxième année consécutive

Langage de Femmes était associée à la Commémoration de la rafle du Vel d’Hiv initiée par Monsieur Patrick Haddad, Maire de la ville de Sarcelles et Conseiller départemental du Val d’Oise, le dimanche 17 juillet 2022.
Nous avons assisté à des témoignages toujours si bouleversants : ceux d’Edmond Rajchman Richemond et de Léon Najchaus, rescapés de la Shoah. Pour ne jamais oublier.
Vous retrouverez en réel sur Instagram et en vidéo intégrale sur notre compte Facebook le discours que nous avons partagé lors de cet événement.

Discours lors de la commémoration de Cendrine Derivré

« Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs,
L’association Langage de Femmes est très honorée d’être présente aujourd’hui à vos côtés, pour célébrer une commémoration très présente dans notre mémoire collective, la rafle du Vel d’Hiv.
Langage de Femmes lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine de l’autre. Nous sommes une association créée par des femmes, pour des femmes, de cultures, de confessions différentes ou pas, de tous milieux sociaux.
Pour la seule raison qu’ils étaient juifs,ils furent arrêtés en ce 16 et 17 juillet 1942, par l’administration française, pour être déportés à Auschwitz.
Ils n’avaient rien fait, commis aucun crime. Pour la seule raison qu’ils étaient juifs, ils étaient envoyés à la mort.
Pour la première fois de la triste histoire des rafles en France, des femmes, des enfants étaient raflés en masse pour être exterminés, dans l’indifférence quasi générale de la société française.
80 ans plus tard, notre association, Langage de Femmes porte haut la lutte et la parole de ces femmes et de ces enfants, de toutes les femmes et de tous les enfants, quelles que soient leur religion, leur origine, leur classe sociale. Pour que ces horreurs n’existent plus, pour que les préjugés cessent, pour que l’indifférence ne soit plus meurtrière, nous luttons, partout, sur le terrain, dans les banlieues et hors banlieue, pour nous unir et dire que, plus jamais ceci ne doit être possible, sur le sol français, dans ce pays des Lumières qui les avaient tristement eteintes les 16 et 17 juillet 1942. Par la parole des femmes, le langage entre les cultures, les religions, les classes sociales, nous œuvrons, nous dialoguons, sur le terrain, en organisant des voyages à Auschwitz, ou comme à Sarcelles ou nous participons à des actions telles que la chorale multiculturelle unissant des sarcelloises de toutes confessions.
En juillet 1942, durant ces deux terribles journées, les femmes, les enfants et les hommes déportés ont été privés de voix, de vie. Le plus grave est que l’administration française ait activement participé et, dans sa tâche ignoble, ait fermé les yeux et permis l’abominable.
Langage de Femmes se veut aujourd’hui le témoin, mais aussi le relais de celles et ceux qui ne se tairont pas et ne se tairont jamais. En éclairant les consciences, par le dialogue constant, utile, en soutenant les actions comme celles menées par Samia Essabaa, qui emmène des lycéennes du 93 et leurs mamans à Auschwitz, dans ce camp de la mort qui vit disparaître, de façon cruelle et indigne, des innocents.
Auschwitz, la manifestation, l’aboutissement ultime de la Haine de l’autre, l’horreur organisée, scientifiquement pensée, dont les enfants ne revenaient pas. La rafle du Vel d’Hiv n’était pas uniquement la manifestation sauvage de la Haine, c’était une partie, un élément d’un grand plan d’extermination.
A force de préjugés, construits de toutes pièces par des doctrines qui ne disaient pas leur nom , l’Inconcevable a pu avoir lieu, il y a 80 ans, parquant, dans un stade, des femmes, des enfants, des hommes, dans les pires conditions d’hygiène, d’indignité, de cruauté avant de les envoyer à la mort.
Langage de Femmes, en luttant contre les préjugés, en menant des actions, des conférences, un travail de terrain, veut faire du dialogue un instrument de lutte. Par le faire ensemble, le vivre ensemble, la parole des femmes sera portée, toujours, par d’autres femmes, lesquelles sont souvent des sœurs, des mères, qui parlent à leur tour à leurs enfants, leurs amis. Nous œuvrons pour libérer et permettre la parole contre le racisme, l’antisémitisme, la haine de l’autre, même s’il est different de nous. En organisant des rencontres, des actions concrètes, le dîner de l’Iftar, la visite d’une synagogue, d’une église, en partageant des repas nous nous connaissons, nous parlons.
Quelle richesse ces cultures diverses qui nous permettent de voir et de penser autrement.
Nous sommes ici, comme à Sarcelles ce jour et serons là, partout en France, engagées et dans le constant dialogue, aux côtés de ceux qui agissent. Nous sommes unies , musulmanes, juives, chrétiennes athées, bouddhistes, de toutes obédiences sociales et politiques pour que la France ne soit plus la terre où une rafle des juifs est possible, pas plus que le racisme, la haine du musulman, du chrétien. Nous disons et dirons non, tout le temps et à tous, avec la force de la parole des femmes, en mémoire de nos sœurs, de leurs maris et de leurs enfants raflés en juillet 1942, pour leur rendre hommage, dignité et, à travers nous, parole.
Langage de Femmes est honorée et fière d’être à Sarcelles pour dire que ceci ne doit plus exister. Et qu’il faut vivre et espérer, ensemble. »
Cendrine Derivré